Fashion Dis

Fashion Dis est une série télé de remodelage (make over), conçue pour les personnes handicapées. Elle ne vise pas à métamorphoser les participantes, mais à changer le regard qu’on pose sur elles et l’image qu’elles ont d’elles-mêmes. Vous n’entendrez pas de violons pour vous émouvoir sur le drame de chacune et de chacun. Vous n’aurez pas non plus d’explications sur leur corps. Inspirée par mon propre vécu, je n’ai pas voulu que les personnes handicapées qui participent à l’émission se sentent obligées de faire l’éducation des téléspectateurs.

On nous pose trop souvent des questions sur nos handicaps, comme si nous devions expliquer au monde entier notre existence. Fashion Dis ne fait pas d’éducation. C’est une émission de mode qui exploite sans complexe le potentiel infini de style et de beauté des personnes handicapées.

Le style, c’est la femme

De mes premiers exercices de style – châle en tricot rose et baskets Road Runner -, jusqu’à mon tout récent sweat-shirt griffé, orné du mot Cheers en paillettes, la mode a toujours servi à exprimer qui je suis. Je me sers de la mode pour dire ce que je ressens et comment je me sens par rapport au monde. La mode me sert à honorer l’instant.

Le fait est que nos choix vestimentaires peuvent être une forme puissante de communication. Pendant la majeure partie de ma vie, mon style était la première chose qui parlait pour moi. Je m’habille avec confiance et fantaisie. Ma garde-robe comprend des pièces féminines classiques tout autant que des expérimentations audacieuses très tendances. Rien d’ennuyant, et toujours un peu Regardez-moi.

Les premières victimes mode de ma sclérose en plaques (SP), diagnostiquée en 2001, ont été les chaussures à talons hauts. Mon pied tombant les rendant peu à peu impossible à porter. Puis de nouveaux accessoires ont fait leur entrée. D’abord une canne, suivie d’un déambulateur et d’un fauteuil roulant à l’occasion. Ce n’étaient plus mes tenues qui attiraient les regards, souvent insistants, mais mes aides à la mobilité. Peu importe l’envergure de mon collier, mon handicap était la première chose qui parlait pour moi, et il n’avait rien de bon à dire.

Cherche modèle désespérément

J’ai commencé à chercher sur Internet des fashionistas handicapées qui auraient pu m’inspirer. Je cherchais des choses comme cannes+coolsvedettes+déambulateursstyle+handicapé. Rien. Nada. Que dalle. C’était en 2017, deux ans avant que Selma Blair, sur le tapis rouge de Vanity Fair, révèle son propre handicap avec une canne sertie de diamants. La mode est en grande partie une affaire d’aspiration, de fantasme, de désir. Comment une personne handicapée peut-elle voir son potentiel de beauté s’il n’existe aucun modèle désirable chez les personnes en vue?

L’absence de personnes visiblement handicapées dans les médias me disait que j’avais raison de penser que les gens se faisaient une idée négative de moi. Ma crise existentielle n’était pas qu’élucubrations, elle était nourrie des questions que de parfaits inconnus me posaient. Parce que j’étais une jeune trentenaire, les gens étaient surpris de me voir avec une aide à la mobilité. On me demandait «Qu’est-ce que vous avez?», «Qu’est-ce qui est arrivé?» ou même «Est-ce que je peux prier pour vous?»

Ne me dites pas qui je suis

Déjà que faire la paix avec le déclin de mes capacités physiques était très difficile – est très difficile -, je ne m’attendais pas à devoir faire face à la stigmatisation en plus. La SP n’est pas facile, mais je ne pensais pas pour autant que ma vie était particulièrement triste ou tragique. Lorsque la première impression que quelqu’un a de vous est qu’il doit prier pour vous, vous vous posez des questions sur l’image que vous projetez.

À défaut d’exemples à suivre, et fatiguée d’être perçue tout de travers, j’ai décidé, en 2018, de prendre le contrôle de ma propre histoire. J’ai embauché un photographe de mode professionnel, un styliste et un maquilleur. Si je ne trouvais pas les images de personnes handicapées autonomes qui m’aideraient à me reconnaître, j’allais créer les miennes.

Le résultat m’a emballée. J’ai partagé mes photos sur les réseaux en les étiquetant sans gêne #babesWithMobilityAids. La réaction de la communauté SP a été extraordinaire. Je me suis sentie vue. Je me suis sentie libérée du discours toxique selon lequel le handicap me diminuait. J’ai voulu que d’autres vivent la même expérience libératrice.

La genèse de Fashion Dis

Au fur et à mesure que l’idée de Fashion Dis faisait son chemin, j’ai réalisé que les personnes handicapées n’ont pas seulement du mal à trouver de jolies chaussures plates ou des exemples inspirants. En raison de leur morphologie, de leurs problèmes de dextérité ou de tout autre problème, elles peuvent avoir du mal à juste s’habiller, se maquiller ou se coiffer. Elles ont des besoins basiques uniques qui sont rarement comblés.

J’ai commencé à suivre des créatrices pionnières comme Izzy Cammilleri et Lucy Jones, des designers qui comprennent l’importance du style et de la fonction. Des designers qui savent que les vêtements adaptés n’ont pas besoin d’avoir l’air médical. La mode adaptée peut être de la haute couture. En fait, elle mérite de l’être.

Beaucoup de choses ont changé depuis 2017. Cherchez #babeWithAmobilityAid maintenant et vous allez trouver plus de 50 mille exemples de style handicapé. Mais les médias traditionnels doivent nous faire plus de place. Oui, le paysage de la mode devient plus inclusif, mais lorsque nous parlons de diversité, les personnes handicapées sont trop souvent laissées de côté.

Les corps des personnes handicapées ne sont pas du domaine public. On a le droit de répondre «Ça ne vous regarde pas» à la question «Qu’est-ce qui vous est arrivé?» La productrice de Fashion Dis, Cara Volchoff, l’explique ainsi: «Mon embonpoint peut être un obstacle pour trouver les vêtements que je désire, mais je n’ai pas besoin de vous expliquer comment ou pourquoi j’ai pris du poids». Les créateurs de l’émission savent que les téléspectateurs peuvent comprendre les défis des personnes handicapées sans être obligés de connaitre leurs antécédents médicaux.

Une proposition radicale

En 2022, alors que beaucoup pensent encore que le handicap est un sort pire que la mort, il peut sembler radical de dire qu’on aime son corps handicapé. Et même qu’on en est fier. D’où l’importance accordée par l’équipe de Fashion Dis aux photos avec lesquelles repartent les participantes et les participants. Si une image vaut mille mots, nous voulions que ce soit des mots forts. Nous voulions crier sur les toits que les corps handicapés méritent d’être vus et célébrés. Nous voulions que les participants aient envie de partager leurs images dans les médias sociaux parce que nous savons l’impact qu’elles peuvent avoir sur d’autres personnes. Ces photos s’ajoutent à la très petite, mais essentielle, diffusion d’images mode professionnelles mettant en scène des personnes handicapées.

Fashion Dis est une émission où des gens qui n’ont jamais vu à quoi ils pouvaient ressembler en version haute couture peuvent trouver des modèles. Ils peuvent découvrir des marques novatrices et des créateurs passionnants qui élaborent une mode de premier ordre pour eux.

Nous avons hâte de vous présenter ces jeunes cools et handicapés, ces fabuleux chercheurs de style qui sont prêts à revendiquer leur individualité, leur pouvoir et leur beauté.

Le handicap a un problème d’image. Fashion Dis est sur le point de changer cela. Le véritable make over, c’est celui qui amène les gens à repenser ce que veut dire «être handicapé».

Voir la première saison

‘Fashion Dis,’ a new makeover series created and hosted by a Toronto blogger, showcases people with disabilities.
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