Pourquoi il est temps d’arrêter de demander “Que faites-vous dans la vie?” 

Restons polis, on n’a pas gardé les cochons ensemble.

Alors, qu’est-ce que vous faites dans la vie? La question insignifiante par excellence pour briser la glace quand on est en manque d’inspiration. Et la réponse va déterminer si on continue de parler avec cette personne ou si on va se tourner vers les dattes fourrées au bleu. Je comprends: on n’a pas beaucoup de temps et c’est super important d’apposer une étiquette sur tout le monde. Même avant mon diagnostic de sclérose en plaques (SP), je détestais cette question.

Pourquoi il est temps d’arrêter de demander «Que faites-vous dans la vie?»

C’est une question qui appartient à un monde où la valeur de chacun est liée à son travail. Et le genre de travail qu’on fait détermine la quantité de pognon qu’on va ramener à la maison. Cette question est tellement ancrée dans notre culture nord-américaine que plusieurs seraient surpris, surprises, d’apprendre qu’elle est considérée comme impertinente dans des pays européens comme la France où parler de soi est vu comme une marque de faiblesse mentale.

Ah bon?

Les Français croient qu’il est de mauvais gout, ou maladroit, d’établir une hiérarchie ou de vouloir réseauter dans un party. Ce qu’on fait pour gagner notre vie n’est pas nécessairement révélateur de qui on est vraiment. Parce que, voyez-vous…

Beaucoup de gens n’aiment pas leur travail

Le lundi matin n’a pas mauvaise réputation pour rien. Beaucoup de gens ne veulent pas être jugés sur ce qu’ils font pour gagner leur vie. Et puis, parleriez-vous sur le même ton à un président de compagnie et à un crieur de cirque ambulant?

Sans doute non.

O.K., crieur dans un cirque ambulant, c’est un peu extrême et vous ne devriez peut-être pas poser trop de questions, de toute façon. Mais pour les sans-emplois, les sous-employés et tous ceux qui n’ont pas une «vraie job», cette question est stressante. Ajoutons à cela ceux qui ont un boulot non traditionnel et dont le titre demande des explications. Honnêtement, est-ce que vous voulez vraiment savoir ce que Chandler Bing fait de ses journées?

Et puis, il y a l’invalidité. La maladie a souvent un impact sur la carrière. Quand on doit composer avec des changements physiques qui entrainent des changements d’identité professionnelle, on ne veut pas — en arrivant à une fête — être plongé dans un questionnement du genre Qui suis-je si je ne fais plus ce que je faisais avant?

Même si je me sens plutôt bien dans ma peau et que je ne doute pas de la contribution que j’apporte, je n’ai pas encore trouvé une façon de répondre à la question qui soit socialement acceptable. «Qu’est-ce que vous faites dans la vie?» appelle une réponse claire, un mot ou deux, pas un essai philosophique sur mon existence de tante, d’amie, de bénévole, de voyageuse, d’activiste, de potineuse, de buveuse de vin astucieuse, de concubine à temps partiel et de, bon, blogueuse.

Ah, oui, blogueuse? Mais qu’est-ce que vous faites VRAIMENT?

Vraiment? Je fais beaucoup de choses. Plein de trucs intéressants, mais pas toujours payants, si c’est ce que vous voulez savoir.

Je sais, il y a des gens qui adorent demander «Qu’est-ce que vous faites dans la vie?» et qui adorent qu’on leur pose la question. Pas parce qu’ils veulent vous connaitre, mais parce qu’ils veulent vous impressionner avec leur passionnante carrière. N’est-ce pas à ça que sert Instagram?

Je ne dis pas qu’on ne peut pas parler boulot dans un party. Je dis seulement qu’on devrait tous prendre une profonde respiration et une bonne gorgée de sangria avant de demander à quelqu’un qu’on ne connait pas «Qu’est-ce que vous faites dans la vie?» Comment une personne arrive à payer ses factures ne devrait pas être la première chose que l’on apprend d’elle.

O.K. De quoi voulez-vous qu’on parle?

Pour avoir mon amitié ou même juste mon attention, dites-moi plutôt ce que vous lisez ou ce que vous regardez sur Netflix. Ou parlez-moi de votre place de brunch préférée. Demandez-moi comment je connais l’hôte ou l’hôtesse ou ce que je bois. Demandez-moi ce que j’aime faire ou quels sont mes projets pour l’été.

On s’en fout de ce que les autres pensent de nous, mais on a quand même besoin de trouver une réponse qui va satisfaire la galerie d’indiscrets. La question va continuer de m’être posée, et comme je ne peux pas déménager en France, la prochaine fois où quelqu’un me demande ce que je fais dans la vie, je vais hausser les épaules et répondre «Ce que je veux». Puis je vais aller retrouver le crieur de cirque pour lui demander ce qu’ils regardent sur Netflix, lui et l’homme-canon.

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