On parle beaucoup de routine du matin ces temps-ci. C’est la dernière tendance dans le rayon des trucs pour avoir une meilleure vie, mais ce n’est pas nouveau. Tout le monde, de Sigmund Freud à Steve Jobs, a eu une routine matinale, et je ne suis pas contre l’idée de suivre les conseils de génies disparus. Partout sur le web, les experts du bienêtre nous assurent que la voie vers le bonheur parfait et la paix d’esprit commence par une routine qui inclut de l’eau citronnée, de la méditation et un lit bien fait. Parce que les études démontrent que les gens qui font leur lit ont plus de chances de devenir millionnaires.

Pourquoi avoir une routine matinale quand on a la sclérose en plaques?

Les routines matinales sont très personnelles. Si vous êtes déjà millionnaire ou que l’ordre n’est pas un de vos points forts, pas de soucis: d’autres études ont démontré que faire votre lit fournit un habitacle douillet aux acariens. Peu importe de quel pied vous vous levez, il y a une routine matinale pour vous. Et pour ceux qui vivent avec une maladie chronique comme la sclérose en plaques (SP), ces routines sont particulièrement bénéfiques.

Pour se sentir comme un boss (même si on n’a pas de job)

La retraite pour raison médicale signifie que vous n’avez plus besoin de mettre vos culottes. Ça peut sembler génial à première vue, mais à la longue, ça peut vous donner l’impression d’être un déchet humain. Ma routine matinale me rend boss de moi-même. Elle me permet de cocher des choses sur ma liste, ce qui me donne le sentiment de me prendre en main.

Pour reprendre un certain contrôle

Je suis une personnalité de type A enfermée dans un corps de type paresseux-passif-agressif. La maladie chronique m’a volé le peu de certitudes que j’avais dans la vie, mais une routine est quelque chose de stable, une façon de sentir que j’ai un rôle à jouer dans le déroulement de ma journée. En prime, le fait d’accomplir les mêmes choses régulièrement me permet de faire le suivi, de déceler tout changement afin de m’en occuper rapidement.

Pour alléger la charge mentale

Toute la journée, nous devons prendre des décisions. Et le nombre de décisions que je suis capable de prendre dans une journée est limité, alors je ne veux pas les gaspiller à me demander quoi manger pour déjeuner. Même les petites décisions me bouffent de l’énergie. Avec une routine, je peux me mettre sur le pilote automatique pendant que les plis de l’oreiller s’effacent de mon visage. Je préserve ainsi mon énergie mentale pour des décisions plus importantes, comme le choix d’une série sur Netflix.

Ma routine matinale avec la SP

Je me lève quand je me lève

À cause des ravages que la sclérose en plaques a faits dans ma vie, je suis dans l’impossibilité de planifier mes matins. Mais soyons clairs: une routine n’est pas un horaire. Les horaires sont faits pour les gens normaux qui dorment la nuit, qui peuvent se tenir debout dans la douche et dont le corps obéit aux ordres de leur cerveau. Vous commencez à vous sentir bien autour de midi? Eh bien, c’est à midi que commence votre routine matinale. Fuck le lever du soleil.

Je mets un soutien-gorge

Ça peut sembler évident, mais pendant longtemps (genre des années), je ne commençais pas mes journées comme ça. Je passais la majeure partie de mon temps avec la chienne et elle s’en foutait — elle a trois paires de seins. Malheureusement, je ne suis pas un chien. Depuis quelques années, je commence chaque journée en lavant les parties de mon corps qui en ont besoin, puis je mets des vêtements dans lesquels je n’ai pas dormi (mais que je vais sans doute garder pour la sieste).

Je vais marcher

Je hante les corridors de mon immeuble comme un fantôme. Dans le but de m’activer tout au long de la journée, je marche avec mon déambulateur dans les corridors à toutes les deux heures pendant onze minutes. Plus longtemps les bonnes journées. À chaque chaque pas, je pense: talon, orteils, épaules, dos, ne balance pas la jambe, ne traine pas le pied, talon, orteils, épaules, dos. Cette marche lente et concentrée se rapproche de la méditation, façon polie de dire que c’est ennuyeux. Par contre, ça me rappelle que je marche encore, et c’est quelque chose de positif sur quoi focaliser mon attention. 

Je fais du café, mais pas la vaisselle

Ensuite, je prépare le café, je prends mes médicaments et je mets mon Fitbit à jour. J’avale environ 7 000 pilules et suppléments chaque matin, ce qui prend un certain temps et me force à boire au moins un grand verre d’eau. Ce qui est une bonne chose parce que ce n’est pas évident de boire assez d’eau. Si le café n’est pas prêt quand j’ai fini d’avaler mes médicaments, je jette un coup d’œil rapide à mon compte Instagram, mais j’essaie de rester loin de mon téléphone jusqu’après la prochaine étape.

J’écris mon journal en compagnie du chien

C’est le moment où je me récompense pour m’être rasé les aisselles et avoir marché mille pas. Je me blottis avec mon journal, mon café et mon chien de 60 livres. Je ne tiens pas un journal de gratitude où je rends grâce aux bébés qui rient ou à l’odeur de la cannelle. Qui suis-je? Oprah? Non. J’écris pour comprendre ma petite personne. Je ne suis pas en train de vous donner un conseil, les filles. Je ne suis qu’une blogueuse qui raconte des histoires.

Je déjeune

J’avale un smoothie, sauf si je dois aller quelque part où je ne pourrai pas me permettre d’avoir envie de pisser. Par le temps que j’arrive à cette étape, mon souper de la veille est déjà loin, ce qui est parfait parce qu’en repoussant l’heure de mon petit-déjeuner, je favorise la cétose, qui est un autre sujet. En buvant mon smoothie, je consulte mes courriels.

Et voilà. C’est mon rituel matinal des jours de semaine. Selon le temps que je mets à préparer le café et à écrire mon journal, cette routine prend environ une heure. Et je suis prête à conquérir le monde (ou à retourner me coucher).

Quelle est votre routine matinale?

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