Ce qui se passe quand les stéroïdes échouent à traiter une poussée de SP

Dans une tentative de calmer ma sclérose en plaques (SP), je me suis retrouvée, ces derniers jours, dans les montagnes russes d’une psychose induite par les stéroïdes.

Avertissement: Ce billet ressemble à un extrait de Girl, Interrupted. Vous allez avoir un aperçu de mon cerveau drogué. Pas besoin d’appeler le 911, j’ai juste trempé mes orteils dans la folie pendant quelques jours. Rassurez-vous, aujourd’hui, ça va. Lisez ce récit à vos risques.

Cher journal, des trucs bizarres sont sur le point de se produire.

Ce qui se passe quand les stéroïdes échouent à traiter une poussée de sclérose en plaques

Jour 1

Je me lève tôt, je mets un joli chapeau, j’attrape un café et je me rends à l’hôpital. Il y a une possibilité de soulagement pour ma maladie incurable, alors aujourd’hui est une bonne journée.

Les stéroïdes, c’est dur, mais cette fois, ce sera différent. Cette fois, je vais être la patiente parfaite. Je vais porter un pyjama rose assorti à mon visage rose, bouffi, et je serai adorable. Je serai genre Désolée si je vous ai fait peur et si j’ai essayé de vous détruire quand j’étais sous l’effet du médicament. Vraiment, je sens que tout va bien se passer et que tout le monde va dire Wow, elle s’est ressaisie. Regardez comment elle a bien fait ça! Bravo.

Jour 2

L’infirmière arrive chez moi pour installer la perfusion et demande s’il y a quelqu’un à la maison qui pourra enlever le cathéter. Cela lui éviterait de revenir. Je lui dis qu’elle peut demander au chien. Elle me regarde comme si c’était moi qui venais de dire une connerie. Quand elle revient, elle offre de prendre mes signes vitaux et de purger ma veine «si je le désire».

Autour de minuit, j’ai mal à l’estomac et aux os, mais je ne me plains pas, parce que ça vaut le coup.

Le somnifère fucking ridicule qu’on m’a donné alourdit à peine mes paupières, mais je décide d’accepter la situation et d’en profiter pour faire des trucs. Écrire le meilleur billet de blogue, tout lire, apprendre le russe. J’ai l’impression d’être sur les speed, sans risque de down.

Jour 3

Je me vois dans le miroir et je trouve que ma grosse face ronde me donne l’air plus jeune. Je suis du genre à voir le verre à moitié plein.

Jusqu’à maintenant, je ne vois aucun effet positif et ça me rend anxieuse, mais il reste du temps.

C’est ma dernière perfusion et ma paresseuse d’infirmière me demande si je me sens à l’aise d’enlever moi-même l’aiguille intraveineuse. Je la renvoie encore une fois au chien.

Jour 4 (le matin)

Les perfusions sont terminées et je ne suis plus enchainée à un poteau. Je pourrais prendre une douche, mais je ne me sens pas assez en forme pour ça.

En fait, je suis un peu étourdie et je m’aperçois que je suis plus faible qu’avant. Ce n’est pas bon signe.

Je me lave rapidement à l’éponge et je vais, en taxi, me faire laver-sécher les cheveux au salon de coiffure. Je me sens incapable de lever les bras au-dessus de ma tête. Je me dis que le pire est derrière moi.

Divulgâcheur: Non, il reste encore d’autres trucs à venir.

Jour 4 (l’après-midi)

Je savoure la sensation des cheveux propres pendant sept minutes, puis je retourne me coucher pour les cinq prochaines heures et demie.

Je me réveille avec un sentiment de tristesse, il fait encore jour. J’annule ma sortie sur une terrasse avec ma rouquine préférée et sa best.

Jour 5 (le matin)

Au réveil, je m’aperçois que je ne peux pas bouger ma jambe droite. Je panique un peu.

Je texte le Banquier, qui s’est levé des heures avant moi et qui est dans la pièce à côté. Je lui demande de venir m’aider. Il me dit bonjour (il est midi), puis se met à plier et déplier ma jambe patiemment jusqu’à que je la sente assez flexible pour m’en servir.

Je monte sur le pèse-personne et me demande comment c’est possible de prendre 6 lb en une nuit. Tout ce que j’ai mangé, c’est une demi-banane et des biscottes.

Je défais mes plans d’aller au BBQ de la Fête du Canada avec mes best et mes adorables filleuls.

Mon anxiété FOMO grimpe d’un cran.

Jour 5 (l’après-midi)

Je fais du café. Puis je le verse dans l’évier parce qu’avec la prednisone tout goute le poison.

Je décide que les stéroïdes n’ont rien donné et qu’il ne me reste plus qu’à faire un vœu.

Je suis trop triste pour penser à un bon vœu.

Je parcours Spotify à la recherche d’une liste de lecture qui correspond à mon humeur. Je ne trouve rien du genre Maladie dévastatrice. Ennui. Il y en a une qui retient mon attention: Tous les sentiments, puis je décide que la personne qui invente des titres pareils ne mérite pas de vivre.

Jour 6 (le matin)

Je bute contre un sac d’ordures et décide de ne pas le ramasser. Jamais.

Je hais tout. Je jette la moitié de mes affaires et me demande ce que je pourrais bien acheter pour me sentir mieux. Je défais mes plans d’aller à un BBQ en dehors de la ville.

Je note de ne plus faire de plans.

Mon anxiété FOMO est à son paroxysme.

Jour 6 (le soir)

La Banquier s’est caché dans le casier d’entreposage avec le chien. Il demande à Siri si les règles pour les vampires/loups-garous s’appliquent aussi aux humains sous l’effet des stéroïdes.

Après avoir retenu mes larmes et m’être efforcée toute la journée de ne pas m’effondrer, je décide que la perte de mobilité est une excuse raisonnable pour déprimer.

J’appelle mes parents et essaye de les entrainer dans ma déprime. Déprimons en choeur.

Jour 7

Je me félicite de ne pas avoir de dépendance aux drogues ou à l’alcool parce que ce genre de sensations n’est pas drôle du tout.

Je décide que la tristesse extrême ne peut pas durer toujours et je cherche une façon de me sortir de ce trou.

Je télécharge une appli de méditation. Je ne l’ouvre pas.

Je décide de ressentir de la gratitude pour mon estomac qui est moins douloureux qu’hier. J’ai de la gratitude aussi pour mon café qui ne goute plus l’arsenic et pour les amis et le mari qu’il me reste.

Je m’autorise à pleurer ce que j’ai perdu. Je sais que d’une manière ou d’une autre, je vais composer avec ce foutu cauchemar.

Je fais des plans pour le weekend et je tiens le coup.

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