Pourquoi Selma Blair est-elle si importante en ce moment?

Sans trop y penser, nommez-moi trois personnalités au style iconique qui ont un handicap visible.

Euh.

J’ai eu la même réaction. Pourquoi?

Parce qu’il n’y a pas de vedettes handicapées qui ont du style? Parce que les gens qui ont l’air malade ne peuvent pas être des modèles de style? Avez-vous au moins pensé à Iris Apfel?

Pourquoi Selma Blair est-elle si importante en ce moment?

Depuis la soirée des Oscars de Vanity Fair, je suis heureuse, soulagée de pouvoir nommer au moins une fashionista hollywoodienne qui démontre qu’avec la sclérose en plaques (SP) et un handicap on peut absolument être beau ou belle. Ça m’inspire.

Depuis qu’elle a annoncé publiquement son diagnostic de sclérose en plaques en octobre dernier, l’actrice Selma Blair parsème sa page Instagram de photos avec sa canne. C’est géant parce qu’on n’a pas l’habitude de voir les handicaps représentés au royaume des stars, du moins pas sous un jour positif. Pas plus que dans les médias en général. Oui, on nous montre des méchants et des victimes, des héros et des monstres, mais ce sont des stéréotypes faciles. La plupart du temps, ils ne servent qu’à faire avancer l’histoire du personnage principal et leurs rôles n’ont pas vraiment de rapport avec la réalité des personnes handicapées.

C’est pourquoi la sortie de Selma à la soirée des Oscars Vanity Fair a été un moment si important pour la visibilité des personnes handicapées.

Pour en finir avec les préjugés sur les aides à la mobilité

Notre société est conditionnée à croire toutes sortes de clichés négatifs sur l’incapacité. Les mots qu’on associe aux malades chroniques ressemblent souvent à faiblesse, fardeau, victime, triste, autre. Ces idées tordues sur les handicaps — et en particulier sur les aides à la mobilité — ont beaucoup contribué à mon anxiété et à la honte que je ressentais de sortir avec une canne quand j’ai commencé à en avoir besoin.

Et voilà Selma qui apparait dans sa robe et sa cape Ralph & Russo, et vole la vedette à la soirée de Vanity Fair. Avec élégance, elle s’appuie fièrement sur l’accessoire suprême: une canne recouverte de cuir verni, cloutée de diamants roses et portant le monogramme d’Asprey.

#envie

La canne badass de Selma était de niveau supérieur, on est à Hollywood. Ce degré de blingbling n’est sans doute pas réaliste ou pratique dans la vraie vie, mais la mode est affaire de fantaisie. La mode veut nous faire rêver. N’est-il pas merveilleux pour notre communauté d’avoir au moins un exemple fabuleux de ce à quoi peut ressembler une personne en «situation de handicap»?

et avec la victimisation.

Évidemment, quelques journaux à potins ont fait leur possible pour tourner cette belle histoire en tragédie. Par exemple, ce titre du Mirror: «Selma Blair éclate en sanglots parce qu’elle est obligée de marcher avec une canne à cause de la SP». Fuck you, The Mirror. Ce n’est pas ce qui s’est passé. Cette splendide canne n’a pas diminué Selma.

Elle lui a donné du pouvoir.

Selma elle-même a dit que ce moment était «gravé dans son cœur à jamais».

De plus, elle a absolument rejeté la victimisation. «Il n’y a pas de tragédie pour moi», a-t-elle déclaré à Vanity Fair. Parlant ouvertement de la lutte que représente la vie avec la SP, elle ne cache pas que c’est difficile et surtout, elle ne se cache pas. Elle est dans l’œil du public, c’est une actrice, une mère que nous, pauvres mortels atteints de sclérose en plaques ou d’autres maladies chroniques, pouvons regarder en nous disant: «Putain, ça me ressemble»!

Il était temps.

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