Pourquoi je n’ai pas peur de l’apocalypse

Si vous me connaissez le moindrement, vous pensez qu’en ce moment je suis enfermée dans un bunker quelque part dans la campagne ontarienne. Vous me devinez sous ma combinaison Hazmat et comprenez que le fusil de chasse sert à protéger mes provisions de chips Miss Vickie’s. Après tout, j’ai la sclérose en plaques (SP), ce qui me place en haut de la liste des cibles du virus mortel, non?

Covid-19 et sclérose en plaques

Vous avez trop d’imagination: je suis chez nous, à Toronto, en pyjama. En prévision de l’apocalypse, j’ai une réserve d’un mois supplémentaire de cathéters et une quantité qui-ne-vous-regarde-pas de bouteilles de vin. Techniquement, je suis isolée, mais ce n’est pas nouveau. De toute façon, c’est seulement pour quelques heures puisque je sors diner avec des amis ce soir. Avant de vous étrangler d’horreur avec votre collier de perles, laissez-moi vous dire comment je me sens face à tout cela.

En tant que personne vivant avec la SP, je sais que n’importe quelle infection que j’attrape peut entrainer une poussée qui peut causer des dommages bien réels et, peut-être, permanents. Ajoutez à cela des années de traitements immuno-modulateurs et me voici en état d’alerte maximum.

Tous. Les. Jours.

Alors, comment ça se fait que je ne suis pas en train de flipper grave en ce moment?

Moi, en temps normal.

Je reconnais ma forte (le mot est faible) propension à imaginer les pires scénarios catastrophes. Je sais, je sais. Mais, d’une certaine manière, je me sens plus en sécurité maintenant parce que les gens se lavent enfin les mains et qu’ils restent chez eux quand ils ont la goutte au nez. Et puis je sens que peut-être — peut-être — les gens ont maintenant une petite idée de ce que c’est que de vivre avec une menace pour la santé et avec l’anxiété que ça provoque.

La réaction du monde

C’est intéressant de voir ce qu’on peut faire quand la santé des gens qui ont le plus de valeur à nos yeux est menacée. Au Canada, le gouvernement a éliminé le délai d’attente d’une semaine, normalement requis pour toucher le chômage, afin d’indemniser les travailleurs mis en quarantaine. Les employeurs évaluent la faisabilité du travail à distance. Et des accommodements jugés déraisonnables pour les personnes handicapées sont soudainement devenus accessibles à tous les travailleurs. Euh.

Pendant ce temps, on rassure la population en répétant que le virus est fatal seulement pour les personnes âgées et celles qui ont des comorbidités. Pas très subtil comme clin d’œil à ceux qui croient que ces vies ont moins de valeur. Vous trouvez que l’impact du confinement sur votre vie sociale est pénible? Pensez à la solitude, à la frustration, à la peur, et carrément au manque d’accès public de beaucoup de personnes atteintes de maladies chroniques. En temps normal.

Ce qu’on va apprendre de la covid-19

Quand la poussière sera retombée, j’espère qu’on aura cessé de prioriser le travail et la présence au travail à tout prix et qu’on fera plus de place au mieux-être. J’espère qu’on se préoccupera de la sécurité et du bienêtre de tout le monde. Si on soutient la guérison des employés plutôt que de les encourager à venir travailler quand ils sont malades, tout le monde va y gagner.

Restez à l’abri et faites attention aux autres. Nous vivons une période bizarre, inhabituelle. Que Netflix et le vin livré à domicile soient bénis. Amen.

On va s’en sortir.

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